Les chiffres que l’on annonce au fur et à mesure que les….découvertes sont faites par les services luttant contre la fraude et la spéculation sont effarants. A dire que tout le pays s’est transformé en cavernes d’Ali Baba. Ces chiffres sont ahurissants, mais non surprenants. Ils ne s’expliquent que d’une seule manière : en dix ans, on peut réaliser bien des choses. Des bonnes comme des mauvaises.
Les « experts », qui se multiplient et hantent à longueur de journée les plateaux TV, nous délivrent régulièrement leurs sentences. Pour une fois, ils ne sont pas loin de la vérité (c’est un secret de Polichinelle): l’économie parallèle tient plus de la moitié de l’outil de production, contrôle la distribution, tient en main ceux qui font tourner cette économie bancale et dépassée mais…florissante.
Combien de temps faudra-t-il pour démanteler ces réseaux ou…les intégrer aux circuits légaux ?
De toutes les façons, tant que la situation demeure telle qu’elle est, ces trafiquants et spéculateurs se sentent en position de force. Ils ont les moyens financiers de leurs ambitions : imposer leurs lois.
Profitant d’un laisser-aller coupable, à la limite encourageant pour ceux qui n’ont aucun sens des responsabilités, à infiltrer les centres de décision (au département commerce et échanges commerciaux ?), à l’effet de contribuer de manière directe ou indirecte à saucissonner les pouvoirs et l’autorité de l’Etat. On a, sans aucun doute possible, amplifié l’effort pour liquider et liquéfier cette autorité qui veillait un tant soit peu à maintenir le minimum de discipline de comportement vis-à-vis de la chose publique.
Impunité
C’est ce qui explique que pour protester contre les atermoiements d’une infirmière ou d’un médecin, on fait le coup de poing et on vandalise toute une salle d’opération. Certes, le coupable sera sanctionné, mais combien de temps mettra-t-on pour remettre en état cet outil de travail et combien de personnes malades subiront-elles les effets de l’impossibilité de voir cet appareillage jouer son rôle ?
Le marché est envahi par des fanfreluches et objets qui ne servent à rien et qui précipitent la fermeture de bien des usines chez nous. Personne ne bouge.
Si on n’est pas d’accord avec son père ou son frère, on le poignarde. Effet des drogues, de l’alcool et de l’insécurité qui règne.
Les taxis ne sont en rien intimidés par les «règlements en vigueur» et tiennent à leur propre tarif ayant recours à une application qui subtilise de l’argent au client qui ne sait comment se défendre. Au lieu de prendre des mesures dissuasives (lancement d’une nouvelle flotte de taxis s’engageant à utiliser les compteurs par exemple), on regarde ailleurs.
Il y a un problème avec le sucre depuis un bon bout de temps. Et on vient d’annoncer que l’usine qui en produit sera à l’arrêt, faute de pièces de rechange, de Cnss et autres complications. Les départements de tutelle prendront-ils les dispositions qui s’imposent pour les résoudre?
Plus de valeurs
Si l’eau est coupée, on interdit le passage aux véhicules et on bloque le fonctionnement de biens d’autres secteurs dépendants. Que deviennent les fauteurs de troubles?
Des tonnes de stupéfiants sont presque quotidiennement saisies. Les effets de ces drogues qu’on a réussi, malgré tout, à introduire, sont là. Comment ces réseaux ont-ils pu s’organiser et prospérer pour empoisonner ces jeunes et moins jeunes ?
Les valeurs ne sont plus que de vagues souvenirs. La peur de la sanction a cédé la place à l’impunité. L’irrespect a pris le dessus sur l’engagement et la parole donnée.
Des moyens de communication, asservis par le pouvoir de l’argent, se sont engagés dans la destruction systématique de ces valeurs en favorisant la désinvolture et l’irrévérence.
Et nous nous retrouvons aujourd’hui avec des rouages qui peinent à retrouver leur vitesse de croisière et des responsables qui ont du mal à retrouver leurs marques.
Il faudrait avouer qu’il y a trop de choses à faire en même temps et que tout est urgent à faire ou à refaire.
Pour le bon peuple qui attend monts et merveilles, la baguette magique est faite pour ça.
Démobilisation
Il ne suffit pas de décréter quelque chose pour que tout suive. Les responsables, pour leur majorité politisés, ne suivent pas au rythme souhaité. Pire, certains mettent tant de temps pour appliquer que l’on finit par se demander si cette démobilisation n’a pas pour unique objectif d’enfoncer ,volontairement, davantage un pays qui souffre.
A voir de quelle manière nos amis et partenaires cherchent à nous arracher à cette misère et à voir leur attachement à nous aider, nous finissons par croire qu’ils sont beaucoup plus sensibles que nous à la situation que traverse notre pays.
Où que nous allions, nous constatons cette démobilisation.
La municipalité de l’Ariana Supérieure a changé de local. On n’a pris aucune peine à mettre la nouvelle adresse. Un simple menuisier ou forgeron l’aurait fait par respect à sa clientèle.
Ce qui n’est plus que son ancien siège a été fermé. Il est dans un état déplorable. A croire que c’est un «objet» dont on ne sait quoi faire et qu’on peut abandonner sur les lieux, à s’effilocher et se décolorer.
Le parking d’une grande surface qui se trouve à la sortie de ce chef-lieu est longé de rigoles couvertes d’un grillage métallique. Un bon nombre n’a plus ce grillage et constitue un danger pour ceux qui n’y prêtent pas attention. Qui sera responsable si une fusée de direction d’un des véhicules se brise en s’enfonçant dedans ?
Du n’importe quoi
On refait des rues, mais tout ce qui a été drainé pour niveler la surface de ces rues est poussé vers les égouts. Et on nous annonce que l’on procède au curage des bouches d’évacuation des eaux pluviales en prévision des prochaines pluies. Qui contrôle l’exécution du travail ?
On nous incite à économiser l’eau alors que la citerne affectée à l’arrosage des plants et végétations des ronds points laisse couler une bonne partie de sa contenance en raison de l’état du robinet. Et au lieu d’arroser le soir ou bien avant le lever du jour, on fait le travail en pleine canicule. L’eau s’évaporera avant qu’il n’atteigne les racines.
On commande des plaques de rues. Personne ne les révise et on se retrouve avec des fautes impardonnables. C’est ainsi, qu’entre autres, la rue portant le nom de l’ancien Secrétaire Général de l’ONU Hammarskjold devient «rue Hammar Chold». De l’argent perdu.
On dirait que cette fournaise que nous vivons depuis ce début de l’été favorise cet état de torpeur dans lequel est plongé le pays et qui fait si mal. Au portefeuille comme au moral.